Aujourd’hui, nous publions le chapitre 1 du livre “L’indemnisation des victimes du coronavirus (Covid-19)”. Pour bien comprendre cette crise du coronavirus (Covid-19), de quoi on parle et comment fonctionne l’épidémiologie en période épidémique, il faut connaître le sens des mots épidémie, pandémie, virus, contagion et bien d’autres termes fondamentaux. Nous vous expliquons tout.
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Epidémie ou pandémie ?
On appelle épidémie l’apparition de plusieurs cas d’une maladie ou l’augmentation récente et importante du nombre de cas d’une maladie. Le terme épidémie ne s’applique pas qu’aux infections. On peut parler d’épidémie de diabète ou d’infarctus. Le terme reste toutefois très lié à l’infectiologie.
Après le début de l’épidémie, si l’épidémie s’aggrave et s’étend sur une grande partie du monde, on l’appelle alors une pandémie. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) retient le terme de pandémie quand l’épidémie s’étend sur au moins deux continents. En général on ne prend en compte que les cas locaux, pas les cas importés.
Dans le cas de la crise du coronavirus (Covid-19), les premiers cas en Europe étaient importés. Il s’agissait de touristes Chinois en voyage en France, au Royaume-Uni ou en Italie qui montraient des signes de la maladie. Mais ils avaient contracté cette maladie en Chine, pour la plupart dans la région de Wuhan. On était donc encore seulement au stade épidémique selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Selon le même raisonnement, quand la Corée du Sud enregistre ses deux premiers cas, l’un le 20 puis l’autre le 24 janvier 2020, le pays étant en Asie, l’épidémie est toujours cantonnée à un seul continent. De plus les deux malades confirmés, un coréen et un chinois, proviennent de Chine, de la région de Wuhan, où ils ont contracté la maladie. Ils sont donc en lien avec le foyer d’origine. On ne peut pas encore parler d’extension du foyer ni de nouveaux foyers.
Le mode de transmission
A cette époque le mode de transmission est encore méconnu. On suspecte une possibilité de contagion d’homme à homme, mais on espère encore que ce n’est pas le cas. L’absence de contagiosité interhumaine réduirait considérablement les risques de dissémination de la maladie par les voyageurs venant de Wuhan.
Pas de chance. Le 23 janvier 2020 la Chine reconnait (un peu tard) que la transmission interhumaine du nouveau coronavirus est possible. Elle annonce que la ville de Wuhan d’où est partie la maladie a été mise en quarantaine.
C’est avec les voyageurs, contaminés dans la région où est apparue l’épidémie que celle-ci peut s’étendre, et va le faire. La dissémination est immédiate et mondiale compte tenu des liens routiers, ferroviaires et surtout aériens considérables de la Chine continentale avec le reste du monde.
C’est un grand classique en infectiologie. Le virus va ainsi s’étendre aux pays voisins de la Chine continentale. Mais le terme « voisins » doit s’entendre en termes de voyages modernes, c’est-à-dire, toute la planète. Les voyageurs, chinois ou non, vont amener le virus avec eux sur tous les continents et les nouveaux cas vont se multiplier. Quand les premiers cas sont dépistés en Europe, il est déjà probablement trop tard. Le dépistage n’a pas suffisamment actif pour éviter que des cas restent méconnus. Le virus s’est introduit en Europe. Des habitants ont alors attrapé la maladie. Ce sont les premiers cas locaux : Le 27 janvier le premier patient allemand est identifié en Bavière. Entre fin janvier et début février 2020, parmi les pays touchés, on découvre des cas importés en France, au Royaume-Uni, en Suisse, en Italie, en Espagne. Les cas « locaux » ne vont pas tarder à apparaître dans les pays d’Europe. Puis les décès de patients atteints. Le nombre de cas augmente.
Le 11 mars 2020, rien qu’en France, il y a 2 281 cas confirmés et 11 décès. La situation est comparable chez ses voisins. L’Europe est donc un second foyer d’épidémie. Dans la logique épidémiologique, l’OMS déclare que l’épidémie de coronavirus (Covid-19) est devenue une pandémie. Certains parlent de « peste moderne ».
Le terme « peste » a plusieurs sens. Le terme médical désigne une maladie infectieuse due à une bactérie qui s’appelle Yersinia pestis. Mais dans le public car il est apparu dès l’antiquité, à une époque où l’on ne connaissait pas l’agent responsable de la maladie. « Peste » signifiait alors épidémie, désastre, désolation. Il a gardé cette signification dans le langage courant.
Les bactéries
Les bactéries sont des êtres microscopiques autonomes. Ils assurent leur survie dans le milieu extérieur où ils trouvent leurs ressources et y renvoient les produits de leur « catabolisme ». Un peu comme nous. Ils sont trop petits pour être visibles à l’œil nu, c’est pourquoi ils sont restés inconnus jusqu’à la découverte du microscope. Leur existence est pourtant suspectée depuis deux millénaires au moins. Les savants grecs évoquaient déjà des « miasmes » à l’origine de nombreuses maladies.
Sur le plan technique les bactéries sont des êtres unicellulaires pourvus d’une membrane, d’un cytoplasme avec tous les organites nécessaires à leur développement et d’un génome ADN. Ils sont dits procaryotes car ils n’ont pas de noyau. Ils se reproduisent par division. Chaque bactérie se divise en deux, qui à leur tour de divisent, etc… Le temps de division ou temps de doublement caractérise la vitesse de progression de la colonie bactérienne.
Les bactéries sont sensibles à de nombreux toxiques, qui s’attaquent notamment à leur membrane ou à leur génome. Il s’agit des antibiotiques. C’est la base du traitement de ces infections. Il existe aussi des vaccins, par exemple contre le tétanos, le pneumocoque ou la diphtérie.
Les virus
Les virus sont des êtres microscopiques plus petits que les bactéries. Ils sont dépourvus de membrane, de cytoplasme et de noyau. Ils se réduisent à un acide nucléique recouvert d’une enveloppe. Ils sont incapables de se déplacer, et même de survivre dans le milieu extérieur. Ils ne peuvent survivre qu’en pénétrant des cellules (ou des bactéries, on les appelle alors bactériophages). Lorsque le virus est produit, il dispose de très peu de temps pour entrer en contact avec une cellule hôte et l’infecter. Faute de quoi, il meurt. Le virus est donc adapté à sa très courte survie en dehors d’une cellule hôte. Il est donc très contagieux : contact = colonisation et infection.
La meilleure prévention est donc d’éviter le contact entre les particules virales du milieu extérieur et la cellule hôte. Pour le virus HIV, la meilleure mesure de prévention contre la transmission du virus et pour éviter qu’il se propage (en dehors de l’abstinence) est le préservatif. Pour les virus respiratoires, c’est l’hygiène des mains ( bien se laver les mains est essentiel) et en mesure de prévention, le port du masque.
Chaque virus est spécifique d’une ou plusieurs espèces et, au sein d’une espèce, d’un nombre limité de type de cellule, à défaut de tout le reste. Certains virus sont spécifiques du foie (HBV, HCV), d’autres des muqueuses ORL (rhinovirus, coronavirus), bronchopulmonaires (coronavirus), ou encore des cellules du sang ou de l’immunité (HIV) Si le virus parvient au contact d’une cellule pour laquelle il est spécifique, il se « colle » d’abord à la membrane de la cellule grâce aux propriétés spéciales de son enveloppe. Celle-ci est spécifique de la cellule cible. La membrane s’ouvre alors et absorbe la particule virale, réalisant une vacuole, visible au microscope. L’ARN ou l’ADN dont est constitué le virus va alors prendre le contrôle de la cellule qui va cesser toutes ses activités pour se concentrer sur une seule : la réplication virale. Cela signifie que la cellule infectée va fabriquer autant de nouvelles particules virales qu’elle le peut ; Puis la cellule va se lyser, c’est-à-dire « exploser », ce qui libère toutes les nouvelles particules dans le milieu extérieur, à proximité immédiate des autres cellules cibles. Le cercle vicieux est engagé et risque de se poursuivre jusqu’à épuisement des cellules cibles et la mort de l’hôte.
Mais heureusement, tout n’est pas si simple. Le système immunitaire de l’hôte est là pour se débarrasser des intrus, en premier lieu des virus. Notre système immunitaire leur fait une guerre terrible et gagne dans l’immense majorité des cas. A priori, une infection virale guérit toute seule, grâce à notre système immunitaire. Cela est moins vrai en cas de baisse de l’immunité, d’infection foudroyante (dengue, fièvre jaune) ou d’attaque du système immunitaire lui-même (HIV).
Les antibiotiques sont inefficaces sur les virus, ce qui est logique puisqu’ils ne possèdent ni membrane ni génome. Il existe quelques produits actifs sur les virus qu’on appelle « antiviraux ». Des études sont en cours actuellement sur l’efficacité de plusieurs antiviraux sur le nouveau coronavirus. Les premiers résultats sur le Covid-19 sont décevants. Chaque virus et chaque nouvelle souche doit être testé individuellement. La sensibilité aux antiviraux varie d’un type à l’autre.
Il existe aussi une autre voie thérapeutique en modifiant les caractéristiques du système immunitaire. Mais ça marche dans les deux sens:
On a découvert que les antiinflammatoires non stéroïdiens (la famille de l’Ibuprofène) et les corticoïdes étaient susceptible de favoriser l’apparition de formes graves de Covid-19. Probablement en intervenant sur l’immunité. Il convient donc d’éviter de prendre ce type de médicament en attendant d’en savoir plus.
Cependant, et à l’inverse, il semble que d’autres médicaments pourraient interférer avec les mécanismes cellulaires qui permettent la pénétration du virus dans la cellule hôte ou la réplication des particules virales. De tels médicaments portent beaucoup d’espoirs car pourraient avoir un effet bénéfique sur l’infection, soit la prévenir, soit la traiter. Ce pourrait être le cas de certains antipaludéens, comme la chloroquine et des produits dérivés. Mais là encore, seules des études sérieuses permettront de conclure sur l’intérêt de tel ou tel produit et la façon de le prendre.
Tout ceci est très compliqué et les spécialistes débattent continuellement pour tenter de trouver la solution de l’immense questionnement sur le fonctionnement du vivant. Ils ne sont pas à l’objectif, loin de là. Le champ des incertitudes et de l’inconnu est encore très vaste. C’est l’espace où interviennent les charlatans. Attention aux gourous et à tous les charlatans. Ils sont très persuasifs et font des ravages parmi le grand public. Encore plus quand les politiques s’en mêlent et sortent de leur rôle pour jouer au médecin apprenti sorcier. Plus on s’écarte du débat scientifique, rationnel et plus on laisse de place au magique et à l’inconnu. Après, c’est un choix individuel, et par conséquent, la résultante du cumul de tous les choix individuels, c’est un choix de société.
Je ne sais pas si on a la société qu’on mérite, comme disait un de mes patrons quand j’étais un jeune interne, mais on a la société qu’on se construit. L’essentiel c’est d’en être satisfait, sinon il faut œuvrer à l’améliorer.
Ne manquez pas le chapitre 2 du livre ” L’indemnisation des victimes du coronavirus (Covid-19)” dans notre prochain article ! Nous y parlons de l’histoire des épidémies de l’Antiquité au XIXe siècle et expliquons l’importance d’un équipement de protection comme le masque pour réduire la contamination par voie respiratoire.
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